Cet ouvrage lance un appel à l'action pour que soient prises en considération les conséquences sur la santé des grands projets d'irrigation ou de barrages, trop souvent négligées jusqu'à présent. Il expose un certain nombre d'arguments et de lignes de conduite visant à atténuer les souffrances humaines et les problèmes qui se posent lorsque des projets d'aménagement hydrulique sont exécutés sans que des mesures parallèles de lutte contre la maladie ne soient prévues. Considérant les maladies parasitaires comme l'indicateur le plus fiable et le plus spectaculaire des effets défavorables sur la santé, il a pour but de persuader les personnes qui financent, planifient et gèrent ces projets de placer les préoccupations sanitaires au centre du dialogue sur le développement. A cette fin, il s'appuie sur une masse d'éléments tendant à montrer à la fois l'ampleur des risques pour la santé liés à ce type de projets et la faisabilité des mesures de prévention et de lutte. Mettant en cause le rôle traditionnellement passif du secteur de la santé, il vise également à inciter les autorités sanitaires à prendre part au processus d'élaboration des projets et à faire davantage entendre leur voix. Cet ouvrage comporte neuf chapitres. Le premier donne une vue d'ensemble du problème, en insistant sur les raisons pour lesquelles l'impact des politiques de développement sur la santé n'est toujours pas pris en compte bien qu'il ait été largement démontré. Le deuxième chapitre explique comment les projets d'aména-gement hydraulique peuvent aggraver les parasitoses et analyse l'importance des boule-versements qu'ils entraînent dans le cadre plus large des politiques de développement et de leurs objectifs. Une attention particulière a été accordée à l'impact des nouvelles conditions écologiques sur l'introduction, la propagation ou l'aggravation du paludisme, de la schistosomiase et de la filariose lymphatique. Le troisième chapitre passe en revue de façon détaillée les éléments qui permettent de lier certains aspects des projets de développement aux modifications de l'incidence et de la prévalence de ces maladies. S'appuyant sur des données provenant d'études réalisées sur plus de 60 barrages ou réseaux d'irrigation, les auteurs mettent en évidence, cas par cas, l'aggravation des risques pour la santé du fait de la transformation des écosystèmes. Si l'on trouve quelques cas de projets bien planifiés, les projets font, dans l'ensemble, complètement abstraction des risques à court ou à long terme pour la santé. Le cas particulier des petits barrages est abordé au quatrième chapitre. Après avoir démontré qu'il était urgent d'apporter des changements au niveau des politiques, la deuxième moitié de l'ouvrage propose des lignes de conduite. Un bilan des mesures techniques de lutte contre le paludisme, la schistosomiase et la filariose lymphatique montre que les maladies parasitaires sont un risque évitable dans le cadre des projets d'aménagement hydraulique. Les chapitres suivants passent en revue les raisons pour lesquelles ces techniques très efficaces ne sont pas appliquées et décrivent différents moyens d'infléchir les politiques. C'est ainsi qu'il est proposé d'utiliser une part du revenu brut du projet pour financer les coûts de protection de la santé à travers l'élaboration de réglementations nationales régissant l'exploi-tation à long terme d'un projet, ou bien encore d'avoir recours à "l'endettement en vue de la santé" pour garantir le soutien financier. Enfin, les derniers chapitres, qui s'adressent aux autorités sanitaires, contiennent des conseils pratiques sur la façon de négocier avec les autres secteurs et d'établir un plan d'action sanitaire valable pour un projet d'aménagement hydraulique. Ils contiennent une série de six arguments clés qui peuvent constituer la base d'une stratégie de négociation persuasive.

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